Qu'est-ce qu'un avocat ? - Interview Philippe Meysonnier


Maître Meyssonnier, bonjour on vous reçoit aujourd'hui sur DigitalDroit média. Pouvez-vous vous présenter ?

 

Philippe Meyssonnier, j'ai 56 ans. J'ai intégré la profession d'avocat en 1990, au moment de la fusion des conseils juridiques et des avocats. Je suis un ancien conseil et j'ai exercé et j'exerce le droit des sociétés, le droit des contrats procédures collectives, toujours sur droit de l'entreprise, l'accompagnement des chefs d'entreprise et des entreprises. J'ai participé depuis 1999. Je participe à la vie ordinale. J'ai été plusieurs fois membre du conseil de l'ordre, ancien bâtonnier du barreau de Lyon, membre du Conseil national des barreaux, et vice-président de la Commission exercice du droit au sein du Conseil national des barreaux.

 

J'ai lu que vous vouliez être commissaire de la marine quand vous étiez jeune. C'est quoi le point commun entre un commissaire de la marine et un avocat ?

 

Aucun. Le seul point commun ce sont les études de droit mais autrement il n'y a aucun point commun. Si avec le recul, de la profession d'avocat, on peut éventuellement parler d'une notion de voyage, d'aventure et de terre inconnue puisque lorsqu'on rentre dans la profession on ne s'attend pas, souvent à ce que l'on va découvrir au cours de son exercice professionnel. Un peu comme un marin sur un bateau qui peut s'attendre à une tempête ou un gros vent.

 

C'est quoi un avocat ? C'est quoi le rôle selon vous d'un avocat ?

 

Voilà ça c'est gigantesque il y a eu des tas d'écrivains ou de juristes qui ont écrit sur le rôle de l'avocat ou d'avocat. C'est, à mon sens, aujourd'hui le défenseur de la démocratie, de l'ensemble des droits de tous les concitoyens, qu'ils soient personnes physiques ou personnes morales et c'est le garant de la liberté de notre République.

 

Dans ce cas on pourrait être inverser la question, qu'est ce n'est pas un avocat ? Qu'est ce qui ne doit pas être ?

 

Un avocat ne doit pas être quelqu'un de trop porté partisan. Il doit toujours avoir un certain recul par rapport aux dossiers qu'il a fait. Mais une fois qu'il s'est investi dans un dossier il prend fait et cause avec véritablement toujours les principe le respect des principes moraux ou des principes de la profession dans la défense de son client.

 

Comment vous qualifieriez la profession d'avocat ? C'est un métier une vocation, une profession ?

 

 Pour moi, le premier choix n'était pas le choix de la avocature. Je pense que c'est une passion. Parce que lorsque l'on rentre dans ce métier si on n'adhère pas et si on ne se jette pas complètement dans ce métier, on a du mal on a du mal à percer. C'est un métier extrêmement difficile, psychologiquement, moralement, matériellement. Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent les avocats ne sont pas des nantis bien loin de là. L'immense majorité des avocats en France ne gagne pas des sommes mirobolantes. La moyenne d'un avocat moyenne d’un à salarié d'un avocat de 2500 euros en général ce sont des gens qui ont fait 7 à 8 ans d'étude, alors si essaye de faire des comparaisons... Et puis c'est un métier qui est très dur psychologiquement. A l'époque où j'étais bâtonnier les statistiques du Conseil national m'avait été transmise. C'est la profession où il y a plus de Burn out. Donc ce qui démontre la difficulté de ce métier.

 

 Ce sont des plages horaires vastes ?

 

Il n'y a pas de plages horaires. Vous pouvez commencer à 5 heures du matin et vous arrêter à minuit. Vous êtes au service de votre client et de vos clients donc vous êtes c'est vous qui gérez. C'est encore un des aspects peut être sympathique de la profession qui est une profession libérale c'est à dire qu'on aménage son temps comme on veut mais on est tributaire de ses besoins de son client et de la justice. Vous avez des audiences. Alors moi je plaide très peu donc sur cet aspect-là je ne pourrais pas beaucoup donner mon expérience, je peux vous parler des autres mais pas tellement moins. Vous avez des audiences qui se finissent très tard. Les magistrats eux aussi ont des plages horaires qui sont très longues. Contrairement à ce que l'on peut penser, magistrats et avocats sont des partenaires justice c'est à dire qui travaille main dans la main pour faciliter la justice et l'application du droit. Et ils sont conviés comme je dirai peut-être l'expression corvéables à merci.

 

Du coup pourquoi on devient avocat ? Vous dites que c'est si dur.

 

D'abord par l'amour du droit. Parce que le droit est comme une matière, une matière à réflexion, un sujet qui attire les étudiants. Et puis après on devient avocats parce qu'on a envie aussi de défendre les autres de s'occuper d'autrui. Et puis parce que dans l'image populaire l'avocat c'est comme je dirais le notaire le maître d'école le curé de la Troisième République. C'est une profession qui peut donner un statut - le statut n'a plus tellement d'importance - mais qui est une profession libérale qui laisse à son praticien la possibilité de manager un peu sa vie comme il le souhaite.

 

 Alors vous avez déjà répondu en partie à la question mais est ce qu'il y a une journée type de l'avocat ou plutôt qu'est ce qui fait que s'il n'y a pas de journée type.

 

La journée type pour un avocat qui fait qui fait du judiciaire, elle est rythmée par les audiences, par ces rendez-vous. Par la préparation des dossiers et la préparation des plaidoiries. Pour un avocat comme moi qui plaide très peu elle est rythmée en fonction des rendez-vous que l'on a avec ses clients. La préparation des actes la relecture des dossiers la rédaction de notes ou de consultation pour certains clients des interventions bien souvent dans le cadre d'assemblées générales de société. Lorsque l'on fait du secrétariat juridique ou peut être amené à prendre la parole et à manager des réunions de conseils d'administration de conseil de surveillance devant plusieurs dizaines de personnes voire peut être même une centaine de personnes. Et on est soumis aux emplois du temps de nos clients.

 

C'est une profession dans laquelle on bouge encore beaucoup on commence comme beaucoup de professions à rester derrière un ordinateur ?

 

On bouge beaucoup. Lors des conflits, on peut plaider dans la France entière. Les conflits qui interviennent droit des sociétés peut être dans l’Europe entière, de plus en plus on fait appel à des cabinets anglo-saxons, ou des avocats qui parlent espagnol anglais allemand et qui sont voués à se déplacer, et à gérer toutes les nouvelles branches du droit, qui sont apparues au rythme de l'évolution de l'économie, et le développement des entreprises. Elles nécessitent à l'avocat d'accompagner son changement de son client au guichet de l'entreprise et donc de bouger.